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    La mouche et le médecin

     

     

    M. Musca allait toutes les semaines chez son psychiatre.

    Pour rien au monde il n'aurait manqué ce rendez-vous, car le pauvre se prenait pour une mouche.

    Or ce jour-là, il eut beau sonner, sonner encore, mais comme personne ne venait lui ouvrir, il sortit dans le jardin. Par la fenêtre entrebâillée, il vit l'honorable praticien absorbé dans ses pensées.

    « Eh, docteur ! C'est M. Musca, pourriez-vous m'ouvrir la porte ? » dit-il en faisant de grands bonds.

    Mais le docteur ne bougeait pas. M. Musca prit alors sur lui de passer par la fenêtre, question de voir si tout allait bien.

    Lorsque le médecin le remarqua, il lui assena un coup d'une telle violence que le pauvre n'eut pas le temps de réagir.

    « Saloperie de mouche, marmonna le psychiatre en relevant sa tapette, entrer dans mon bureau juste au moment où j'attends un patient, ça t'apprendra, tiens, sale bête ! »

     

     


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    Tu es là pour la dernière fois

    Parmi nous, dans ce bateau de bois,

    Ce petit bateau privé de voile

    Qui va mener ton âme aux étoiles.

     

    Pour toi commence un voyage immense

    Rempli de paix et plein de silence,

    Plus loin des hommes, plus près des cieux :

    Un long sommeil a rempli tes yeux.

     

    Peut-être rêveras-tu de nous

    Lorsqu’on pensera à toi, et tout

    Ton être se remettra à battre

    Ainsi qu’une braise au fond de l’âtre.

     

    Tu vois c’est dans nos cœurs qu’est ta vie

    Maintenant, et à la moindre envie

    De nous, tu rouvriras tes yeux bleus

    Et reparlera comme il y a peu,

     

    Car une partie de ton esprit

    Dans nos esprits vit bien à l’abri.

    Michel, permet donc que l’on t’embrasse,

    Et vogue en paix, à travers l’espace.

     

     

     


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    L’auteur tient à préciser qu’il dénonce toute action qui s’inscrirait à l’encontre de la liberté individuelle, et que donc ce texte, qui vise à la réflexion, est à lire au second degré. Il invite le lecteur à lire les textes dans l'ordre.

     

    MAMAN : les témoignages (3)

     

    ― Si la MAMAN accueille les hommes en déshérence de rôle, les hommes en perdition pour les aider à se reconstruire une identité positive en phase avec le monde d’aujourd’hui, la MAMAN accueille aussi des personnes, chercheurs et universitaires, qui peuvent lui apporter de la contradiction, car le regard que nous portons sur nous s’enrichit de celui des autres. C’est ce regard décentré qui doit permettre de progresser sur nous-même dans ce long chemin qui s’appelle l’humanité. C’est pourquoi je vous demande d’accueillir chaleureusement l’universitaire et sociologue des genres, Irma de Patachou.

     

    ― Bonjour Irma, et merci d’être venue partager avec nous quelques-unes de vos réflexions sur la condition de l’homme moderne. Alors, nous assistons actuellement à un « homme-bashing » sans précédent. On lui reproche par exemple d’avoir les jambes écartées quand il s’assoit dans le métro, et de prendre toute la place. Mais ne trouvez-vous pas cette polémique un peu déplacée ? Car après tout, s’il s’assoit comme ça, c’est peut-être pour ne pas écraser ce qu’il a entre les jambes, non ? Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    ― Faut lui couper les balles de ping-pong comme ça il arrêtera de jouer avec !

    ― …Et… ?

    Et rien du tout, si c’est les roubignolles le problème, tu lui coupes les roubignolles et comme ça ya plus de problème !

    ― Bon, et qu’avez-vous à dire sur les viols et les agressions sexuelles que subissent un grand nombre de femmes ?

    Coupez-leur les coucougnettes aux hommes, et ça fera place nette !

    Ah ? Et pour les violences ? Car je le rappelle, 82% des auteurs de meurtres sont des hommes, quelle est votre solution ?

    ― Je suis pour l’égalité des sexes !

    ― J’imagine que dans votre bouche cela veut dire couper leurs attributs ?

    ― Pas du tout, ça veut dire en greffer une paire aux jeunes filles (et non pas une jeune fille au pair) !

    ― Et si cela n’est pas possible ?

    ― Alors plan B : couic !

    ― Mais ne craignez-vous pas qu’à force d’utiliser la trancheuse à boules il n’y ait plus d’hommes pour la reproduction ?

    ― Avec les banques de sperme on n’a plus besoin de ces gougnafiers ! On est bien mieux entre filles.

    ― Cela réduirait aussi, j’imagine, les inégalités professionnelles entre sexes.

    ― Vous avez tout compris !

    ― Ne croyez-vous pas qu’avec un peu d’éducation et de prévention dès le plus jeune âge, l’homme pourrait apprendre à maîtriser ses pulsions et donner le meilleur de sa tendresse aux femmes ?

    ― Une paire de ciseau, c’est moins cher et c’est plus rapide !

    ― Mais si les hommes se comportent si mal envers les femmes, c’est peut-être que les mères n’y sont pas pour rien, non ?

    ― Elever des bêtes humaines ? Soyez sérieux ! Le mâle est infâme dès le départ. A cela une seule solution pour que ses hormones ne fassent pas de lui un monstre : couic ! couic !

    ― Ne craignez-vous pas d’attiser la guerre des sexes avec de tels propos, et d’aggraver la situation en renforçant les aprioris négatifs portants sur les hommes ?

    ― Depuis des millénaires, depuis que l’homme est homme, la femme est opprimée. Aujourd’hui est venu le temps de la lutte des sexes ! La femme au pouvoir ! A bas les hommes ! Mort à ces chiens qui ne savent que remuer la queue !...

     

    ― Bien, remercions Mme de Patachou qui nous a fait la gentillesse de sa visite, et d’avoir partagé sa vue très sexuée de la condition humaine. Avec elle ça ne va pas être du gâteau ! Nous invitons tous les hommes à ne pas se laisser aller à la déprime ou à la violence, sous prétexte que les femmes n’en voudraient qu’à leur bourse, et de ne pas tomber eux-aussi dans des préjugés aussi destructeurs que réducteurs. Qu’ils viennent plutôt confier leur désarroi à la MAMAN ! Et rappelons que la violence physique, eh bien c’est aussi de la violence psychologique !

     

     


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    L’auteur tient à préciser qu’il dénonce toute action qui s’inscrirait à l’encontre de la liberté individuelle, et que donc ce texte, qui vise à la réflexion, est à lire au second degré. Il invite le lecteur à lire le texte (1) en premier. 

     

     

    MAMAN : les témoignages (2)

     

    ― La MAMAN, ce n’est pas seulement un lieu d’accueil et d’écoute, c’est aussi un lieu où l’on peut trouver des ateliers de partage et de travail sur soi. Aujourd’hui permettez-nous donc de vous faire découvrir l’atelier « sexe-contrôle » où les sexe-addicts peuvent apprendre à gérer leurs pulsions. Comme ces groupes de partages se font sur une base anonyme, vous comprendrez que les visages soient floutés. Laissons donc la parole à notre animateur, Dominique Strass-Kohn :

     

    ― Bonjour à tous ! Aujourd’hui nous accueillons deux nouveaux arrivants, Harvey et Tarek !

    ― Bonjour Harvey ! Bonjour Tarek !  

    ― Harvey, Tarek, racontez-nous votre expérience de sexe-addict, qui veut commencer ? Oui ? Harvey peut-être ?

    C’est dur, j’ai tellement honte.

    ― Nous comprenons Harvey, et vous faites preuve d’un courage immense à vouloir partager avec nous votre vécu, vos difficultés. Nous vous écoutons.

    Voilà, j’ai agressé sexuellement un nombre incalculable de femmes, et que je le regrette ! J’aurais voulu pouvoir me retenir. Mais j’étais entouré tout le temps des plus belles femmes du monde, vêtues de robes transparentes, avec leurs nibards drus et rose sous le nez ! leurs touffes juteuses à quelques doigts de ma TRIQUE !! Leur rouge-à-lèvre tout près de mon GLAND, c’était horrible, horrible !!! Rhaaaa !!!

    ― Nous comprenons Harvey, nous comprenons !

    ― …J’y pensais tout-le-temps, je n’avais aucun répit, et je cédais, je cédais ! J’étais devenu plus bas que tout, moins que rien, jouet de mes propres pulsions, balloté sans cesse vers ces rivages vénéneux ! Comme je regrette ! Comme je regrette ! Bouuuh !

    ― C’est dur Harvey, c’est dur, je veux dire difficile. Respirez un grand coup Harvey, ici vous êtes en sécurité, nous sommes entre nous.

    ― On est avec toi Harvey !

    ― Fermons tous les yeux et tenons-nous la main. Inspirez. Voilà, expirez. C’est bien… Tarek, souhaitez-vous intervenir ?

    ― … Bien moi je suis là parce que Maman me l’a ordonné. Elle m’a toujours élevé à la trique, maman, et depuis j’ai toujours la trique bien levée. J’ai joui, je l’avoue, j’ai joui d’avoir été humilié par cette grosse salope. Pardon Maman ! Pardon ! Je voudrais que tu me corriges encore, juste un peu revenir en enfance ! Snif ! Être encore ton chien ! Sob ! Ouinnn !

    ― … Embrassons Tarek, ce qu’il vit n’est pas facile…

    ― On est avec toi Tarek !

    ― Alors maintenant je jouis de les frapper, de leur foutre des poings dans la gueule, de leur baiser la chatte à ces grosses putes ! C’est toutes des putes ! Des salopes ! Des chiennes ! Des chiennes ! Des chiennes ! De leur déchirer le slip, de leur arracher le soutien-gorge, de voir leur visage mouillé de larmes et de foutre. Voilà ce qui me fait jouir ! Ah ! Ah ! Ah !

    ― On est avec toi Tarek !

    ― Bravo ! Bravo Tarek ! d’avoir pu aller au fond de vous et exprimer avec tant de sensibilité vos fragilités intérieures, vos fractures intimes, vos blessures d’homme impuissant ! Embrassons à nouveau Tarek ! Tarek a fait un grand pas sur la voie de la guérison !

     

    ― …Voilà, la décence nous empêche de filmer les exercices pratiques destinés à soulager les sexe-addicts de leurs abominables pulsions, exercices qui font partie intégrante de ces groupes de soutien. Simplement pour vous dire que ces ateliers sont ouverts à tous les hommes en souffrance sexuelle. A bientôt pour un autre épisode de notre série de reportages sur la MAMAN, lieu d’accueil pour les hommes perdus !

     

     


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    L’auteur tient à préciser qu’il dénonce toute action qui s’inscrirait à l’encontre de la liberté individuelle, et que donc ce texte, qui vise à la réflexion, est à lire au second degré. Il dénonce toutes violences, de quelque ordre que ce soit, envers qui que ce soit.

     

     

    MAMAN : les témoignages (1)

     

    ― Aujourd’hui nous recevons Bébert, Bébert qui est venu trouver un peu d’écoute au sein de la Maison d’Aide aux Mâles contre l’Androphobie Normale, la maison qui nous aide nous les hommes à vivre mieux dans ce monde d’infâmes.

    ― Alors Bébert, racontez-nous, que vous est-il arrivé ?

    ― Eh bien voilà, j’étais dans le métro comme tous les matins pour aller travailler à 5h, et je tiens à dire que j’ai jamais eu de problème, et puis la dame elle rentre, il y avait tellement de monde au balcon que j’ai cru tomber dans les pommes. Puis elle s’est tenue à la barre et me les a mis en plein dans le nez…

    Vous a mis quoi dans le nez ?

    ― C’est trop dur, c’est trop dur à dire... ils... ils avaient la forme de grosses poires bien juteuses...

    ― Nous comprenons Bébert, courage, et nous saluons votre démarche, il faudrait qu’il y ait plus d’hommes qui aient le courage de parler pour dénoncer l’oppression terrible que nous vivons tous chaque jour ! Elle vous a mis ses grosses poires bien juteuses dans le nez vous disiez ?

    ― Oui, et là, c’est pas de ma faute, et même qu’elle s’est mise à me regarder d’un air furax, j’ai commencé à avoir la trique moi, mais pas une bien grosse, hein, juste une riquiqui, une d’honnête homme, et c’est là qu’elle me fout une mange-moi-les-ongles et la cuticule avec, que je lui avais rien demandé à la dame moi, rien.

    ― Que s’est-il passé ensuite ?

    ― Eh bien je me suis retrouvé au commissariat poursuivi pour harcèlement sexuel... je lui avais rien demandé moi, rien (sob)…

    ― Nous sommes tous avec vous Bébert ! Bébert fait face à un coûteux procès, il est victime des préjugés misandres. Apportez un peu d’aide à Bébert qui n’a pas les moyens d’assurer sa défense en faisant un don à la Maison d’Aide aux Mâles contre l’Androphobie Normale. Merci au nom de tous ces hommes qui souffrent dans l’ombre et le silence !

     


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    Ô raisons funèbres !

     

    ― Appelez-moi Patisson !

    ― …

    ― Oui, Patisson, j’ai besoin de vos compétences. Vous savez que conformément à la directive 69 – 6  du Code des pénitenciers, on doit maintenant faire une oraison funèbre au décès de chaque détenu.

    ― Ah ?

    ― Oui. Et c’est vous que j’ai chargé de cette tâche.

    ― Mais, moi je suis cuisinier !

    ― Oui, bon, vous travaillez déjà dans la viande froide et les os à moelle, non ? Ça ne devrait pas trop vous changer. Mettez-la à votre sauce, faites-moi quelque chose de bien léché, aux petits oignons, c’est juste qu’au lieu d’ouvrir une boîte ça sera pour la fermer quoi… De toute façon la bière ça vous connait, n'est-ce pas ?

    ― Mais…

    ― Allez exécution ! Je compte sur vous, et dépêchez-vous, la morgue me dit que ça commence à sentir le faisandé de par chez eux. Ah ! au fait, tenez voilà les états de service du défunt. Eh ! pas de faute de goût, hein, vous savez qu’on ne dit pas de mal des morts…

    ― Alors, voyons, qu’est-ce qu’il dit ce dossier-là, voyons, voyons. A 14 ans met le feu à son lycée en essayant d’allumer un pétard… Un pétard, oui, mais quel genre de pétard ? C’est pas dit. Bon, voyons, à 15 ans est arrêté pour vente de hachis. Hachis ? Il était cuisinier lui aussi ? Non y-z-ont dû oublier un « h » à la fin. A 16 ans torture les voisins de son chat, non, les chats de son voisin. Des chats ? C’est une brute ce type, ma parole ! A 17 ans viole la chèvre de sa voisine ? Euh non, sa chèvre de voisine ? Bizarre. A 18 ans kidnappe la petite XXX âgée de neuf ans alors qu’il est en cavale. Il explique qu’elle l’a violé. Il est fou lui ma parole ! Arrêté, condamné à 20 ans de prison, libéré en appel, sa voisine et la petite auraient été consentantes. Bon… Braque une banque, trois morts, butin : un sac-à-main de grand-mère. Attaque de fourgon blindé, deux morts. Run-fast, 150 kg de cocaïne. ... Bombe dans un TGV, rien ne m’étonne plus. Radicalisé, il explique que les dix commandements, il est chargé de les faire appliquer aux autres, et que c’est pour cette mission que Dieu lui a demandé de tuer en son nom, de voler, de violer, de prendre la femme des autres. Décidément l’enfer est pavé de bonnes intentions ! Ah ! Voilà, enfin ! condamné à perpétuité. Tue ses trois compagnons de cellules… pour avoir un peu plus de place. Urine sur le directeur de la prison. C’est un délit ça ? Tente de s’évader, oui, ça ne m’étonne pas. Se marie avec l’aumonier et adopte un enfant conçu par GPA. Tiens, après il se calme, meurt d’un cancer de la prostate… Flûte ! Qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire moi ?

    ― Bonjour à tous, en tant que directeur de la prison, je vous remercie d’être là pour mettre en terre celui que nous avions coutume d’appeler Bébert. Voici un petit discours pour notre très cher ami disparu. « Bébert, c’était quelqu’un, quelqu’un comme personne, et non pas personne comme tout le monde. [Patisson, c’est quoi ces conneries ?] Dès sa plus tendre enfance, il égayait ses camarades en tirant des feux d’artifices. Amoureux des animaux, plein d’attention envers les enfants, c’était quelqu’un qui avait le cœur sur la main, et pas seulement celui des autres ! Il était toujours prêt à rendre service à sa voisine, à soulager les plus âgés du poids de leurs sacs, ainsi qu’à soigner les maux du monde à coup d’herbes médicinales, ce qui en a stupéfié plus d’un. Il n'a également eu de cesse de montrer la vanité des biens à ses contemporains. Certes ceux-ci n'ont pas toujours compris son action,  car Bébert était en avance sur son temps. Épris de liberté, il a même œuvré pour faire de la place dans la prison, renversant les idées reçues sur les sexes et les genres. Amoureux des arts, tout le monde se souviendra de lui dans le rôle du Manneken-Pis. Amoureux de Dieu, que de sacrifices n’a-t’il pas fait pour répandre la bonne parole au milieu d’un monde incrédule et incroyant ? Adepte de la nouvelle famille traditionnelle, il aura également œuvré pour faire avancer les mœurs.  Bébert, en cette heure nous sommes tous réunis ici pour te dire au revoir. Bébert, nous ne t’oublierons pas ! [Patisson,  dans mon bureau !]

     


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    Incertain doute.

     

     

    L’autre jour j’ai rencontré un type qui m’a dit : « vous savez que vous me donnez l’impression d’être quelqu’un plein de doutes ? »

    Plein de doutes, moi ? Alors que j’avais toujours été rempli de certitudes ?

    Je ne m’en serais pas douté, figurez-vous.

    Tout-à-coup j’ai eu du genre comme un certain doute, et le doute a commencé à faire son chemin en moi.

    Un chemin incertain, ce qui montrait bien tout le doute qui m’habitait soudain, et j’avoue que cela me procurait un certain plaisir, c’est certain !

    D’ailleurs au bout d’un moment j’ai fini par m’habituer au doute. Le doute est devenu mon aliment, et je dois vous avouer qu’il était plus facile de me reposer sur mes doutes que sur mes certitudes.

    Par contre, soyez-en sûrs, le doute ce n’est pas l’incertain parce que le doute, c’est en soi alors que l’incertain c’est à l’extérieur.

    L’incertain c’est par exemple la fenêtre ouverte aux feuilles d’automne, aux jardins de givre*, aux parfums d’été et fleurs de printemps. L’incertain est un papillon, l’incertain c’est la vie.

    Alors au bout d’un certain temps, eh bien sans aucun doute, c’est la certitude que je redoutais le plus !

    Et puis avec le temps j’ai appris qu’un certain doute, eh bien ! c’était bien mieux qu’un doute incertain, qui lui se rapprocherait plus de la certitude. Le doute avait eu raison de la redoute du certain !

    Jusqu’au jour où j’ai rencontré un type qui m’a dit : « vous savez que vous me donnez l’air d’être quelqu’un plein de certitudes ? » Alors là c’est certain, je me suis mis à douter de mon doute…

     

     

    *Voir Emile Nelligan : Soir d’hiver

     

     

     

     

     


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    Bonsoir Mesdames et Messieurs !

      

    Bienvenus pour cette soirée en famille !

    Laissez-moi vous présenter Papa, affalé sur le canapé, qui engloutit des pistaches en goûtant à son alcool de pomme, à moins que ce ne soit le contraire... alors que maman vérifie si mon cartable est fait pour demain, comme tous les soirs.

    Mais qui voilà tout-à-coup sur le tapis persan offert par mamie Monique ? Pépette ! L'araignée du soir, qui se la joue "horde sauvage" et galope toutes pattes dehors pour se blottir dans l'ombre du buffet avant que papa ne la surprenne.

    Trop tard ! Papa, le poil hérissé façon frayeur de chat, saisit la boîte « j'attrape-l'insecte », toujours à portée de ses paluches velues ! D'un plongeon d'albatros il fuse vers l’arachnide qui n'a que sa vie pour vitesse, et du premier coup couvre les huit longues papattes avec la boîte en plastique !

    Papa exulte, levant les bras vers le ciel et poussant un hurlement de porte qui grince ; hélas, il n'a pas vu que la boîte est restée collée à la paume de sa main, ce dont Pépette profite pour se tirer en lousedé.

    Mais Papa l'a remarquée du coin de l’œil ! Il galope à son tour, bousculant chaises pantoufles et télécommandes pour rattraper la friponne qui le nargue au moins depuis qu'il a débouché le jus d'alcool de pomme mentionné plus haut.

    Soudain Pépette fait volte-face. Laissant sa patte sud-sud-ouest déraper élégamment, elle prend cette fois-ci la tangente du canapé, où les coussins sont encore figés par le popotin de papounet.

    Là c'en est trop, car Papa, au faite de la testostérone que son instinct de territoire déverse à grand flot dans ses yeux craquelés de ridules rouges, n'est pas prêt à laisser Pépette en réchapper ! Saisissant la boîte qui se trouve par chance sous sa main gauche, qui est elle-même près de son pied droit, il l'abat sur Pépette et la piège.

    Papa haletant, maman est descendue, effarée de voir que le domicile conjugal n'est plus que chaos, et pour une fois elle n'a plus de mot.

    Alors Papa ferme la petite boîte de plastique, va dans le jardin, et dépose délicatement Pépette dans l'ombre des fleurs et des feuilles d'automne... Pépette qui n'a qu'une hâte : piquer un tout-droit vers la chaleur du logis dont on vient justement, ou injustement de l'évincer.

    Et pendant que Pépette retrouve la chaleur du radiateur qu’elle avait naguère quittée, Papa passe devant Maman, un peu penaud, et va faire la vaisselle, parce qu’il faut quand même pas déconner, hein !

     

    * D'après une idée de mon fils, fin observateur des mœurs familiales.

     

     

     

     

     


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    Straight, no chaser

     

    Il faut se donner le droit à l’erreur, le droit de se tromper, de ne pas être infaillible, le droit d’être humain, juste humain, et de se reposer de temps en temps, par exemple sur une plage d’Acapulco, en sirotant un « macumbo » on the rocks, ou en grillant un barreau de chaise sur un pédalo en compagnie de sa dulcinée, en attendant nonchalamment que le soleil, qui flâne comme un rêveur en robe de chambre dans l’azur du ciel, ne nous cuise à point pour la collation de quatre heures.

    Oui, il faut s’accorder le droit de se tromper, de se tromper de route, de se tromper dans ses comptes, de se tromper de conjoint, de se tromper d’avenir, de voir de travers, de se souvenir de traviole, de tomber malade et même d’en guérir, de jouer de la trompette, de chanter faux, d’aimer en vain, d’aimer tout court.

    Que serait la vie, sans ce droit inaliénable à se tromper ?

    Un stress permanent : pas le temps de souffler, toujours à courir, le cœur en court-jus, boire le bouillon, cesser de battre, cesser de croire, aveugle parce que déchiré entre quelques ombres ou quelques lumières, sans but ni sens, tourneboulé par l’urgence, dans un brancard aux couleurs du blanc, avec quelques rêves pour regrets, quelques larmes pour la soif, quelques soupirs pour poitrine…

    Ou alors la vie serait une perfection mangée par l’ennui car sachant tout, ayant tout gouté, attendant la fin de l’infini, blasée de beauté et grise de couleur, insensible, vivante mais morte, ayant tout compris, même le ressort de son propre gel, même le ressort de sa propre imperfection, ruinée dans sa richesse, déchue de sa sagesse. Une vie qui préfèrerait cracher sur l’autre son propre poison, juger pour rabaisser, détruire pour se grandir, prisonnière d’une lâcheté dans le miroir, un trouble dans le regard, presque une larme au bord du néant. Tenir malgré tout, l’âme de guingois.

    Oui, il faut se donner le droit à l’erreur, tolérer l’imperfection de soi comme de l’autre pour faire partie de l’instant vital, de la seconde jouissive où la douceur d’aimer embrasse la douceur d’aider. Lâcher prise, être au bord de l’eau, près des vents, près des parfums, jouer, rire et pleurer s’il le faut, plein de tendresse pour son prochain et pour soi, humble. Comme un morceau d’univers conscient de lui-même.

    Hein ?! Quoi ?! Le « macumbo », comment je le veux ? Straight, no chaser.

     

     


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    Laissez-moi vous dire quelques mots sur ma tante Patricia, que nous appellons Patou, parce que Patou est une tante épatante.

    Bien sûr, comme tout le monde, elle a ses petits défauts. Par exemple, si jamais tu plantes ma tante, alors elle te met au piquet.

    Patou n’aime pas non plus qu’on l’appelle « tante » ou « tatie ». Non ! Elle veut qu’on l’appelle « tata », tata Patou, un point c’est tout !

    Quand tout propre on va la voir, tata Patou, c’est tartes, tourtes et tartelettes, gâteaux, petits gâteaux, noisettes charlottes et sucettes, car l’atout de Patou c’est de traiter tous ses petits gars comme des princes, sans rire, et de leur faire tutoyer le paradis des nougats artificiels ! C’est que c’est une bonne pâte Patou !

    D'ailleurs Tata Patou vit avec un gros matou qu’elle appelle « Titi » parce que « Titi » est gros minet, et avec un toutou qu’elle appelle « Toutou », tout simplement, c’est comme chat, euh c’est comme ça.

    Aussi, quand on va la voir, entre une toux et deux rototos elle nous dit tout sur son toutou de Toutou, et comment, ce tantôt, cet idiot de Titi appâté par la pâtée de Toutou a tenté d’en tâter, et comment Toutou a tenté d’attraper Titi pour lui foutre la pâtée, et patati patata, et patati patata... Enfin « et patati patata » c’est pas Patou qui l’a dit, c’est moi.

    Vous voyez Patou n’a pas d’tabou, même si parfois elle bout quand elle est à bout ou quand elle a un coup de bambou. Il faut juste alors la prendre par le bon bout.

    Voilà, c’étaient quelques mots sur tata Patou, même si je suis sûr d’une chose, c’est qu'on ne sait pas tout de Patou.


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